Monday, 28 January 2008

Ma mère : Une pénible affaire

Vendredi 25.01.2008
Ma mère est à l’hôpital depuis mardi dans un état assez critique. De prime abord les docteurs lui ont détecté une hémorragie intestinale et une infection à la vessie. Tout ceci pourrait être considéré comme relativement normal si ce n’était qu’elle se plaint du dos, plus que se plaindre elle se tord de douleur. Les docteurs ne savent pas encore l’origine de ce mal.

Ma mère a déjà été hospitalisée à plusieurs reprises ces dernières années, mais jamais en un aussi mal point. Elle-même se sent épuisée, à bout de forces. Le mal est si fort qu’elle a perdu un peu l’espoir et pour la première fois elle a demandé à me voir.
Nous ne pouvons pas juger de la gravité de sa situation, mais les docteurs ne trouvant pas la source du mal, nous nous attendons au pire.

Ainsi, je décide de partir la voir, mais surtout qu’elle me voit. Si elle venait à décéder avant que je n’arrive, je ne me le pardonnerai jamais.
Avant de partir il a fallu revoir quelque peu le fonctionnement de la maison pendant notre absence. Ce que les enfants doivent faire, qui va s’en occuper ; annuler et/ou déplacer des rendez-vous, etc. Organiser en fait notre absence.
Alba ira dès demain chez une amie et camarade de classe ; Rodrigo restera à la maison avec Krystyna. Nous avons maintenu un rendez-vous qu’ils avaient chez la dermatologue.

Comme Alba part ce vendredi en sports d’hiver avec l’école, nous tâcherons d’être de retour, d’autant plus que j’ai aussi la réunion du budget annuelle de la direction où je dois présenter le bilan de l’exercice 2007 mais pour une fois cela est secondaire. Si les circonstances l’exigent, le Conseil devra se passer de ma prestation.

Nous avons demandé à Alba de bien préparer déjà sa valise, de faire preuve de maturité. Elle en est capable car elle a l’habitude de préparer ses affaires pour ses stages de langues. Le seul problème qu’il pourrait y avoir ce que nous ne soyons pas là pour la vérification dernière et pour le départ.

Samedi 26.01.2008
Nous quittons la maison vers minuit et demi. Evelyne a tenu à venir avec moi. J’aurais pu y aller seul, mais elle veut être là aussi pour le pire.
Bien que préparé psychologiquement je ne le suis pas physiquement. Je suis fatigué. Nous devons nous arrêter au Luxembourg pour dormir un peu. Une heure et demie plus tard je reprends la route. Deux cents kilomètres plus loin je m’arrête à nouveau. Lorsque nous nous réveillons il commence à faire clair. Nous profitons pour prendre notre petit déjeuner.
Maintenant qu’il fait jour, je sais que je ne m’assoupirai plus. Evelyne prend le volant après Lyon et je profite pour dormir un peu quand même.

Nous arrivons à Girona à 16 environ.
Ma sœur nous explique un peu la situation et l’évolution qui concorde avec ce que je savais déjà.
Nous partons à l’hôpital pour rendre visite à ma mère. Dès qu’elle me voit son visage s’illumine quelque peu.

J’essaie de me mettre à sa place pour comprendre et m’imagine d’être à mon dernier souffle en attendant l’arrivée d’Alba et Rodrigo. Je ne peux pas me mettre à sa place, mais je peux comprendre.
Evelyne éclate en sanglots moi, je fais bonne mine. Malgré qu’Evelyne est derrière ma mère celle ci remarque sa détresse.
Pili est là aussi. Dès lors nous nous fixons pour les tours. Pili qui a arrêté temporairement son travail fera les journées de 9h30 à 19h30, Paqui qui faisait toutes les nuits jusqu’à présent, fera de 19h30 à minuit et mois je prends de minuit à 9h30 (quoique pour cette première fois et étant donné le voyage je prendrai de 7h à 14h)
Nous avons laissé donc Paqui à l’hôpital et sommes rentrés chez elle, où nous logeons.
Pour souper nous sommes descendus au bar du coin manger un sandwich de lomo.

Dimanche 27.01.2008
Je suis arrivé à l’hôpital vers 7h10, pour relever ma sœur au chevet de ma mère. Elle dort paisiblement. Sous son masque d’oxygène elle respire régulièrement. Tant qu’elle dort, elle récupère des forces. C’est la première nuit depuis quelques jours que cela arrive. J’ai l’égoïsme intérieur de croire que c’est grâce à ma présence. Elle avait demandé à me voir et elle m’a vu. Dans son for intérieur elle peut partir en paix.

Malgré son calme apparent, il ne faut pas se berner, les calmants lui enlèvent quelque peu les souffrances mais ne la guérissent pas. L’hémorragie est toujours là. La transfusion sanguine lui a donné quelques forces nouvelles et son organisme na pas fait de refus.
Lundi, quand le docteur qui suit son dossier la reverra nous serons mieux fixés sur son sort.
Apparemment elle ne peut pas être opérée à cause des médicaments qu’elle doit prendre pour liquéfier son sang. Alors, je me demande, comment va-t-elle être guérie de sa blessure ?

Dans le silence, n’ayant rien à faire, mon cerveau n’arrête pas pour autant. Des images défilent, des pensées, des souvenirs, sa jeunesse, mon enfance, mon village. Je la vois courir après nous, moi et mes sœurs, pour nous gronder pour l’une ou l’autre canaillerie de nos dix ans. Je la regarde à présent et j’ai mal au cœur. Je pense à Aznavour, sa chanson « la Mamma »
Elle qui a toujours été si courageuse et active, malgré son handicap ; la polio qu’elle avait eu dans son enfance ; et la voir aujourd’hui au but du rouleau …

Vers huit heures et demie elle s’est réveillé et m’a dit qu’elle a très bien dormi. Je lui ai pris la main et tout de suite je vois que le contacte de ma main lui fait du bien. Elle me remercie de m’être déplacé de si loin pour la voir. Puis elle me demande pour Alba et Rodrigo, elle me dit de les embrasser de sa part. Elle veut savoir s’ils sont bien pris en charge. Je lui ai expliqué l’arrangement que nous avons fait. Alba va rester trois jours à Enghien, chez une de ses camarades et amies de classe. Rodrigo reste à la maison avec Krystyna.
Elle est là ; c’est elle qui doit être prise en charge, et néanmoins, c’est elle qui se préoccupe des autres. Elle m’a demandé si nous avions bien dormi.

Vers 10 heures je dois téléphoner à Rodrigo pour lui expliquer comment faire une copie de son devoir qu’il ne comprend pas pour me le faire parvenir annexé dans un courriel.
A neuf heures et demie j’ai envoyé un sms à Rodrigo pour lui dire de me téléphoner depuis le bureau car ainsi il sera en face de l’ordinateur, pour que je lui explique comment faire.
Lors qu’il ma téléphoné et expliqué son problème de compréhension j’ai pu lui donner les explications en direct et m’ayant dit qu’il avait saisi il n’avait plus besoin d’envoyer la copie de ses exercices.
Plus tard je lui ai envoyé un autre sms pour lui dire que dans le courant de l’après midi je lui enverrai les explications par courriel. Il ma confirmé que ce ne serait pas nécessaire qu’il avait fini ses devoirs avec les explications que je lui avais donnés.

La matinée s’est déroulée sans complication. De temps en temps je dois aider ma mère à faire un léger changement de position afin de désengourdir ses muscles. Les infirmières passent régulièrement lui apporter les calmants et vérifier que tout va bien. Ma tante Matilde, sa fille Nico et son mari l’ont accompagnée.

Paqui, Danny et Evelyne sont arrivés vers 13h. Pili, un peu plus tard. Pili restera l’après-midi et Paqui la relèvera vers à 19h puis, vers minuit je prendrai moi-même mon quart.
Paqui et Danny sont partis manger quelque part car Danny repart demain pour l’Italie.
Evelyne et moi avons mangé un sandwich à la cantine de l’hôpital. Puis, afin de nous changer les idées, j’ai proposé à Evelyne d’aller faire un tour de côté de La Bisbal. Nous avons ainsi fait un tour pour prendre des photos de la « Font de l’Arbre », et de la « Font del Remei » qui manquaient à ma « collection ».
Nous sommes rentrés vers 18h30.
Vers 20h je me suis allongé pour dormir un peu avant minuit.

Lundi 28.01.2008A peine arrivé au chevet de ma mère, l’infirmière m’a dit que vers 7h30 on allait cnduire ma mère pour une résonance magnétique (RM). J’ai envoyé tout de suite un sms à mes sœurs car je suis sûr qu’elles n’en savaient rien, autrement elles m’en auraient parlé.

La nuit s’est passé fort bien ; je n’ai dû qu’aider ma mère à changer de position, lui donner à boire, desserrer les bandages de ses pieds et la réconforter.
Toutes les quatre heures, les infirmières lui apportent un calmant qui lui est administré par voie intraveineuse avec un goutte à goutte (baxter) et de temps à autre, aussi, deux infirmières viennent pour voir s’il faut l’aider à changer de position. Etant donné que je l’aide moi-même elle n’a pas souvent besoin et choisissent de la laisser dormir.
Vers 7h on est venu la laver et la rafraîchir pour qu’elle soit prête pour l’ambulance qui vendra la prendre en charge vers 7h30.

Ma sœur Paqui est arrivée. J’ai profité pour aller porter mes affaires à la voiture et prendre en vitesse un café et un croissant. Je suis retourné vite à la chambre car je vais accompagner ma mère pendant que ma sœur restera sur place pour parler avec la doctoresse qui suit le dossier.
Le plus dur pour ma mère c’est le transfert du lit au brancard et vers la table d’examen. Nous traversons tout l’hôpital car la sortie des ambulances se trouve tout à fait de l’autre côté.

Lorsque nous arrivons à l’ambulance, il y en a une autre qui est en train de charger des cadavres. « Mes » ambulanciers s’excusent que j’aie à assister à ce spectacle macabre ; qu’en principe il devrait y avoir deux sorties distinctes. Je leur dis de ne pas s’en faire pour moi : il faut de tout dans la vie. Ma mère de toutes manières n’a pas remarqué la manœuvre.

Lorsque nous sommes dans l’ambulance, « mes » ambulanciers m’apprennent que c’est la première fois qu’ils ont ce véhicule. Il y a certaines des commandes et boutons qu’ils ne savent pas à quoi elles servent exactement. La fille, d’ailleurs, qui a pris le volant ne sait pas où elle doit aller exactement. Bon, elle sait où elle doit aller, car c’est écrit sur sa feuille de route mais, elle ne sait pas comment y arriver. C’est cela le folklore espagnol. Aussi, elle ne sait pas comment enclencher la sirène ; ce qui l’oblige à rouler, se comporter et se taper les ronds points et carrefours, à l’heure de pointe matinale, comme une voiture normale. Heureusement nous ne nous trouvons pas dans un cas désespéré.

Suivant les instructions de son coéquipier, nous arrivons finalement à la clinique. Je crains à nouveau le transfert de brancard. En principe elle aurait dû être transférée directement sur la table de RM, mais comme celle-ci est occupée et que notre ambulance doit repartir pour une autre mission, j’aide les ambulanciers et les infirmières présentes au premier transfert. A cinq c’est plus facile, mais cela n’empêche pas ma mère se tordre de douleur. Je me console en me disant que s’il n’avait eu que deux personnes cela aurait été plus pénible.

La responsable de l’inscription au test de RM me demande des informations sur ma mère, si j’avais sa carte d’identité. Je lui réponds que non que venant envoyée d’un autre hôpital j’assumais que le côté paperasserie était réglé. Elle m’indique que ce n’était pas grave me demande de confirmer l’adresse ou elle est domicilié en guise, j’imagine, de contre vérification. Puis elle me demande si ma mère a un « pace maker » je lui dis que je crois que non, qu’elle a été opérée mais que je sache elle n’a qu’une valve artificielle. Elle me fait signer une décharge. J’envois un sms en vitesse à ma sœur pour qu’elle me confirme l’information. Ce qu’elle fait.

Je suis rassuré car, en fait, c’est mes sœurs qui connaissent l’historique médical de ma mère mieux que quiconque. Je ne connais que les grandes lignes ; je ne me suis jamais intéressé au menu détail. Non par manque d’intérêt, mais cela ne me sert à rien, en Belgique, de savoir que ma mère doit prendre x grammes de ceci ou autant de doses de cela. Si je devais m’en occuper quotidiennement je serai certainement au fait de tous ces aspects pratiques.
L’infirmière me demande aussi le poids de ma mère. Je n’ai aucune idée précise, aussi je lâche néanmoins 90 kilos, en me disant qu’il valait mieux donner une information claire, plutôt qu’hésiter. De toutes manières je ne crois pas être trop loin de la réalité.

Au moment de la transférer à la table RM nous avons de la chance une nouvelle ambulance vient d’arriver pour un autre cas et les ambulancier acceptent de nous donner un coup de main.
On me dit alors de partir faire un tour, prendre un café ; que l’examen allait durer environ trois quarts d’heure environ.
En sortant j’informe la dame à la porte que je dois revenir plus tard, histoire qu’elle ne me fasse pas des difficultés au retour pour rentrer. Je sors dans la rue et en retiens le nom. Ce serait con e ne pas savoir revenir. Je rentre dans le premier bar cafeteria.

Une demi heure plus tard je suis de retour à la clinique. Ils n’ont pas encore fini.
J’attends dans la salle d’attente. Lorsque je vois de loin ma mère sortir sur la table RM, on me fait signe de ne pas m’approcher. Ils transfèrent ma mère sur un brancard d’attente. Je ne peux pas la voir, mais j’entends ses cris de douleur. Quelques minutes plus tard on me fait signe de m’approcher. Je peux alors la soutenir morale et affectueusement. Je vois qu’elle n’est pas au mieux de sa forme mais qu’elle se résigne. Une autre ambulance est en route pour le retour.

Une dame, qui vient de terminer son RM et qui doit rentrer avec la même ambulance que nous, me demande ce que ma mère a. Elle s’obstine à penser que ma mère est tombée et ne me croit pas trop lorsque je lui dis que non. Qu’elle a commencé à sentir spontanément des douleurs dans les dos et qu’on ne sait pas l’origine. Je m’en fous qu’elle ne me croit pas, ce n’est pas mon problème mais je peux comprendre sa réaction car à cause des médicaments que ma mère prend pour liquéfier son sang et les piqûres qu’elle reçoit pour toutes ces intraveineuses, ses bras sont pleins de bleus très criards mais indolores.

Le retour en ambulance s’est passé tout à fait normalement. Nous aurons les résultats demain.

Paqui est partie travailler et Pili qui est arrivée entre-temps restera la journée à l’hôpital. Moi, pour ma part je vais aller rejoindre Evelyne.

Danny est en train de préparer ses affaires car il part vers l’Italie pour la semaine.
Malgré avoir passé la nuit à l’hôpital, je n’ai pas très sommeil.

Je voudrais me connecter sur Internet pour prendre connaissance des courriels et situation des affaires au travail. Comme la connexion de ma sœur est encore par dial-in et pourtant très lente il est impossible pour moi de me connecter en remote-mode. Je propose donc à Evelyne, d’aller passer la journée à Palamós, lieu où nous passons nos vacances habituellement, à une cinquantaine de kilomètres d’ici et où je sais où il y a un bon cybercafé. De plus il fait très beau, un peu de soleil ne nous fera pas de mal.

Nous connaissons Palamós en été et en hiver pendant la période des congés de Noël. Maintenant nous voyons la ville de tous les jours. Quelques touristes qui peuvent se permettre d’être ici à cette époque de l’année. Pas de baigneurs, et toutes les affaires qui tournent autour de la baignade et du tourisme de masse sont fermées et/ou au ralenti. La plage se présente sous son aspect le plus beau : déserte et vierge.

Il fait très beau, pas un seul nuage au ciel. La température est de vingt degrés. Nous nous promenons en nous laissant réchauffer par ces rayons agréables qui nous caressent la peau. Il y a un établissement ouvert sur le bord de plage où en été cela ne nous viendrait pas à l’esprit d’y aller manger. Maintenant il est plus humain, il fait moins usine.
Nous prenons place au soleil et passons notre commande. Qui l’aurait dit ? Au retour je risque d’avoir paradoxalement même une bonne mine.
Après le repas nous nous promenons à nouveau jusqu’à la voiture et la changeons de place, pour la laisser dans le parking de la plage dont les guichets sont fermés en hiver.
Comme j’ai toujours un tapis de pique-nique et des plaids dans la voiture, Evelyne va s’allonger un peu sur le sable pendant que je vais au cybercafé. Dans deux heures elle viendra me rejoindre.

Au cyber, je réussis à me connecter en terminal remote-mode au Conseil. Je prends ainsi connaissance de tous les courriels et informations arrivées depuis mon départ. Je prends note mentale de quelques unes et réponds directement à d’autres. Il y a du pain sur la planche pour mon retour. Tout est urgent à la fois et tout devrait être réglé tout de suite. Il va falloir faire des choix et donner des priorités drastiques.

Evelyne m’a rejoint. Elle a pris un poste pas loin du mien. Pendant qu’elle consulte ses messages je parcours aussi mes boîtes à lettres privées. Bon nombre de messages sont à regarder une fois et jeter. Les autres seront classés et archivés comme à l’habitude. J’ai reçu des encouragements de certains de mes collègues qui sont au courant.
Vers 18h30 nous rentrons à Girona. Je vais essayer de dormir un peu avant minuit heure où je reprendrait la relève.

Mardi 29.01.2008Je suis arrivé comme prévu à l’hôpital, quelques minutes avant minuit. Maintenant je connais le trajet, depuis chez ma sœur Paqui, parfaitement.
Nous nous sommes mis d’accord pour nous réunir ce soir vers 19h30 afin de prendre les dispositions nécessaires et décider ce que nous devons/allons faire pour le futur.
Ma sœur part et me laisse avec ma mère. Elle est assez stable, même si sa douleur est toujours là.
La nuit s’est déroulée sans problème majeur.
Ma mère n’aimait pas les biscotes qu’elle a reçu pour le petite déjeuner. Les infirmières les ont remplacés par des madeleines.

A l’arrivée de Pili je suis parti récupérer Evelyne et nous sommes partis pour La Bisbal. Nous avons pris le petit déjeuner à l’Escut, comme à chaque fois que nous sommes dans les parages. Nous sommes allés à Can Riera, photographe déjà de quand j’étais gamin, pour voir s’il avait des photos anciennes de La Bisbal. Il nous a demandé de retourner demain car c’est son épouse qui s’occupait de cela et il ne savait pas trop bien quels étaient les albums. Je jubile déjà à ce que je vais pouvoir découvrir. De retour à la voiture, en passant devant de Can Graupera, je pense à ma mère et nous entrons pour lui acheter une boite de madeleines artisanales. I s’agit encore d’un des établissements, je crois, centenaires, de la Bisbal.

Aussi, nous entrons dans la librairie de les voltes ou nous connaissons la propriétaire, Anna, qui avait suivi des cours d’anglais avec moi chez June.
S’il y a une librairie où je risque de trouver le libre que je cherche c’est bien ici.
En effet, ils ont le libre : « D’Andalusia à La Bisbal ». Récit du départ et arrivée dans les années cinquante d’une population dont ma mère et mon père qui quittèrent leurs villages natals et migrèrent en Catalogne à la recherche d’un monde meilleur.
A Palamós, nous avons mangé au même endroit. Puis sommes allés faire quelques courses à l’Intermarché.

Pili m’a téléphoné pour m’informer du résultat de la RM. Il semblerait qu’une infection s’est développée dans une des vertèbres. Les docteurs ignorent quelle en est l’origine. Ils s’étonnent aussi que ma mère n’ait pas présenté un état fiévreux plus marquant à son arrivée. Sachant les raisons de ses douleurs ils lui ont ajouté dans sa panoplie de médicaments des antibiotiques à large spectre.

Vers 19h30 nous sommes allés à l’hôpital. Nous devons faire le point, mes sœurs et moi sur l’avenir, qui dépendra de son état physique à la sortie de l’hôpital.
En Belgique elle serait déjà, probablement, dans une maison d’accueil où elle pourrait vaquer à ses occupations sous la surveillance et la prise en charge de personnel, plus ou moins, qualifié. En Espagne, dans la mentalité espagnole cela est inconcevable.

Il faudra s’y résigner, peut-être un jour mais … Ma mère vit chez ma sœur et passe la plus part de ses journées seule dans le salon. Ma sœur, mon beau-frère, leurs enfants travaillent tous. Encore heureux qu’ils rentrent pour le repas de midi.
Si à la fin de ce séjour à l’hôpital, sa mobilité reste comme elle était avant, tout pourrait rester comme jusqu’à présent. Si sa mobilité est inférieure il y aurait lieu de trouver une personne qui puisse passer quelques heures par jour pour l’aider. Si sa mobilité se réduit fortement, il faudra alors trouver une résidence pour personnes âgées.

Nous sommes repartis vers 20h30. Dans trois heures et demie je serai de retour pour mon quart.
Arrivés à l’appartement, je me suis couché pour me reposer et essayer de dormir un peu.

Mercredi 30.01.2008
On voit nettement que ma mère est beaucoup mieux. Même endormie, sa manière d’être allongée dénote une certaine récupération.
Ma tâche nocturne s’est beaucoup réduit : lui donner son yogourt, lui changer de temps en temps l’emplacement des coussins. Soulever un peu le côté tête du lit. Surveiller lors des changements de goutte à goutte que cela goutte à un rythme raisonnable, etc.
J’ai pris un café avec Paqui, qui passe toujours vers sept heures sur le chemin de son travail.
Ma sœur Pili est arrivée alors que je donnais le petit déjeuner à ma mère. J’ai terminé ma tâche et puis j’ai commencé à me préparer pour rejoindre Evelyne.

Comme convenu nous sommes partis à La Bisbal. J’ai pu visualiser quelques albums de photos anciennes chez Can Riera. J’aurais espéré qu’il y en ait plus de différentes vues. Certaines portent sur des événements pour lesquels mon intérêt est moindre : des célébrations, des excursions, etc. ayant eu lieu dans les années soixante ; d’autres sur de situations exceptionnelles : lorsque le fleuve a débordé, lorsque la neige a envahit toute la région. En somme où elles sont trop anciennes où le sujet ne me concerne pas outre mesure. J’ai néanmoins choisi une vingtaine, surtout des vues de La Bisbal : Les voltes, el pont nou, el pont vell, el surtidor, el tren petit, …

Nous sommes partis manger à Palamós. Lorsque nous avons terminé, nous sommes rentrés directement à Girona car Evelyne va relever Pili.
Pendant qu’Evelyne est à l’hôpital j’ai profité pour faire quelques courses et parcourir les courriels. J’ai ainsi répondu à quelques messages de mon travail.
Comme je dois retrouver Evelyne vers 19h30 cela ne vaut pas la peine que j’essaie de dormir ; je me coucherai un peu vers 22h
La situation de ma mère s’est améliorée quelque peu mais elle doit prendre en permanence les calmants. L’antibiotique qu’elle reçoit pour l’infection de la vertèbre fait sûrement son travail mais très lentement.

Jeudi 31.01.2008
J’ai pris la relève à mon heure. Tout semble tranquille. Ma mère dort plus ou moins paisiblement et les infirmières font leur va-et-vient régulier.

Cette nuit je vais dormir moins même si tantôt je dois prendre le volant. J’ai pas mal de notes et dossiers à préparer, notamment le compte rendu de l’aspect financier de l’exercice 2007 que je dois présenter à la réunion annuelle de ce vendredi premier février.

Dans l’obscurité de la chambre l’écran de l’ordinateur semble un phare. Pour en diminuer la puissance j’ai configuré le traitement de texte en négatif, fond bleu foncé et texte en rouge. J’ai réglé le contraste et brillance au minimum. Le résultat est plus ou moins satisfaisant seulement que maintenant je vois à peine les touches du clavier. Je dois taper à l’aveugle.

Vers deux heures ma mère s’est réveillé en réclamant son calmant car elle avait mal au dos.
Je le fais savoir à l’infirmière qui l’amène un peu en avance sur l’heure.
Ma mère se rendort aussitôt et je retourne à mon clavier.

J’essaie de me concentrer sur la réunion de vendredi (demain), mais je n’ai ni les dernières données, ni les programmes, ni l’envie. Finalement à force de vouloir nous imposer des mastodontes figés ils sont en train de tuer le travail de réflexion. Cela ne sert d’ailleurs à rien de réfléchir la bête est tellement embourbée qu’elle s’étouffera dans son propre immobilisme.

J’aurai subi deux migrations ce 2007 ; le passage de l’application que j’avais initié en 1987 vers sa propre image sous forme , non plus de base de données relationnelle, mais « web and object oriented ». Le problème c’est que cette nouvelle application démarrée en juin n’est pas fiable à 100% et que nous n’avons plus la maîtrise de l’utilisation. L’analyse, le principe et l’approche sont meilleurs, sur le fond elle surpasse sa prédécesseur. Mais il y a encore quelques détails et anomalies à corriger et fixer. Le problème c’est que nous avons dû abandonner cette application si prometteuse au bénéfice d’une application énorme basée sur la philosophie SAP où la plupart des informations ne nous servent à rien et où les informations utiles à notre travail sont noyées dans un amas d’onglets, fenêtres et champs. En outre elle n’a aucune fonctionnalité nous permettant ou facilitant nos tâches quotidiennes. Comme je dis ironiquement, nous avons reçu un porte-avions nucléaire pour traverser la manche.

Je vais arrêter ici de vider mon sac car ce ne pas le bon blog. Au moins cela me permet de passer la nuit. Il est presque cinq heures, je vais essayer de somnoler un peu, car dans quelques heures je prends le volant pour le retour.
Je n’aurai qu’à vite produire quelques « slides » une heure avant la réunion.

Vers neuf heures et demie je reçois un appel de Pili qui me demande si je ne peux pas descendre pour qu’elle puisse garer sa voiture à ma place. C’est vrai qu’à minuit on a le choix, mais des sept heures les places se font chères. Je le dis à ma mère et je descends avec tout mon barda.

On fait la manœuvre et je rentre préparer les valises pour le départ. Dès que celles-ci son prêtes nous quittons l’appartement de Paqui et retournons à l’hôpital.

Maintenant c’est à mon tour de trouver une place. Finalement une voiture stationnée à quelque huit cents mètres est en train de bouger, je me mets derrière elle et aussitôt elle part, je prends sa place. C’est ce qu’on appellerait dans un sous-marin le principe de « la bannette chaude ».
Comme juste quand nous arrivons l’équipe de rafraîchissement des malades est occupé à notre chambre je propose à Evelyne de descendre à la cafeteria et y prendre notre petit déjeuner.

Nous remontons et restons avec ma mère jusqu’à onze heures trente.
J’ai mal au cœur de la quitter, mais la vie continue. Elle-même me dit qu’il est temps de rentrer, que nos enfants nous attendent.
L’autoroute n’est pas loin et en moins de deux minutes nous y sommes.
Si tout va bien nous devrions être rentrés aux alentours de minuit. Le GPS indique une arrivée pour 22h30, mais sur un trajet de 1.300 kilomètres, nous serons retardés d’environ un heure et demie.
Si je devais être seul cela marcherai peut-être, mais je connais mon épouse, il y aura un tas d’arrêts toilette.

Le passage de la frontière se fait assez vite. En France j’active le cruise-control et je me laisse aller. Je roule en général environ 4 à 5 kilomètres, mesurés par GPS, au dessus de la limite. J’ai constaté que les radars le tolèrent. J’ai constaté aussi que la plupart des véhicules des qu’ils voient qu’il y a un radar roulent même en dessous de la limite ce qui est complètement inutile. Si la limite est 130 c’est qu’on peut rouler à 130 ou même 134, cela ne sert à rien de descendre à 120. Soit le gens ont très peur des amendes, soit ils n’ont pas le minimum de mathématique requis.
A 100 kilomètres de Lyon et après environ 420 bornes, je ne suis pas épuisé, mais je cède le volant à Evelyne.

Je me laisse aller alors pour dormir. Evelyne a roulé environ 400 kilomètres, lorsque je reprends le volant à nouveau. Nous sommes sur la A31 à environ cinq cents kilomètres de chez nous.
Après l’arrêt traditionnel « essence » au Luxembourg, nous reprenons la dernière droite.
Nous arrivons vers minuit et demie.
Je vide en vitesse la voiture et prépare mon sac pour tantôt.
Je prendrai le train de sept heures au lieu de celui habituel de six heures. Cela me laissera une heure de plus de repos.